Meet Our Residents : HOSPICE RECORDS X REBOOT RECORDS
“Meet our Residents” est une série d’articles destinés à mettre en valeur les supers projets des supers résidents de l’occupation temporaire du Grand Hospice. L’ensemble des projets y est réparti selon quatre thématiques : Développement durable, Communauté, Art & Culture, et Éducation & Santé.
Hospice Records, c’est un magasin de vinyles mais aussi un lieu qui essaie de fédérer la scène musicale alternative bruxelloise via la vente de disques et la collaboration avec des petits labels indépendants qu’ils mettent en avant dans le magasin, axé plutôt local et seconde main. Ben est le fondateur d’Hospice Records et a décidé d’inviter Phil, fondateur de Reboot Records, a rejoindre l’activité au sein du Grand Hospice. Leurs projets sont similaires tant au niveau du style musical de la scène underground qu’au niveau de leur activité commerciale et événementielle.
Au cours de 2020, première année placée sous le joug du Covid-19, seuls 21.429 événements culturels ont eu lieu à la suite des mesures strictes instaurées pour lutter contre la propagation du coronavirus, selon la Sabam. En 2019, ce chiffre était encore de 92.972, précise-t-elle encore, soit une baisse de pas moins de 77% en un an.
C’est pourquoi Ben a fait le choix de monter son projet afin de développer une activité qui pourrait perdurer malgré les restrictions, d’où l’idée du magasin de vinyles. Il a investi avec ses propres fonds et se finance via les événements qui y sont proposés. Nous les avons rejoint tous les deux dans le shop niché au cœur du magnifique bâtiment du Grand Hospice aux côtés d’une centaine d’autres projets !
Pouvez-vous décrire vos activités ?
(Ben) Au-delà de la vente de disques d’occasion, on organise aussi des événements, beaucoup d’événements ! Des In-Store Sessions comme on les appelle, où l’on invite des DJ ou des personnes proches qui viennent faire des sets vinyles dans le magasin dans une ambiance hyper conviviale. Pendant l’été, on fait des collaborations en open air ou encore des marchés aux vinyles dans différents lieux. Pour le moment, nous sommes en collaboration avec Jardin Hospice où l’on booke nos DJ dans le bar central chaque week-end au Grand Hospice.
Comment avez-vous décidé de devenir partenaires (et colocataires) ?
(Phil) Reboot Records est un projet assez proche de celui de Ben, d’où le fait de le faire ensemble afin d’allier nos forces. Vente de vinyles, organisation d’évènements culturels et personnellement je suis principalement axé sur tout ce qui est musique house et techno. En termes de style musical, on a un spectre assez large entre les vinyles d’Hospice Records et de Reboot, à la petite différence de Ben où j’ai une catégorie avec des vinyles neufs avec des releases actuelles.
(Ben) En plus de nos influences musicales communes, on s’est rencontré lors d’un marché au vinyles puisqu’on a des amis en commun. On a directement accroché et quand Phil m’a dit qu’il cherchait un espace sur Bruxelles, j’ai proposé qu’il se joigne à moi. C’est bien de pouvoir compter sur quelqu’un. On partage les coûts, on partage nos réseaux donc c’est tout bénef !
Parlez-moi plus amplement de votre collaboration avec Jardin.
(Ben) En gros, Jardin nous sous-traitent la programmation parce qu’ils se sont rendus compte qu’on avait un réseau assez large et pour eux c’est beaucoup moins de travail. C’est notre métier, contrairement à eux qui sont plutôt horeca. Phil et moi on est acteurs de la scène électronique et donc ça donne de la crédibilité aux events. Nous, ça nous aide financièrement au niveau de l’activité, c’est du win-win !
(Phil) Effectivement, de notre côté on fait l’administratif, on booke et on accueille les artistes, on est disponible lors de l’event et on prête notre matériel à Jardin. C’est beaucoup de travail et de fait, on a moins de temps à accorder à nos activités propres donc cela justifie qu’on prenne une partie des bénéfices pour le magasin. Je pense qu’autant eux que nous sommes contents du partenariat, on espère qu’il pourra encore évoluer au fil du temps !
Quelles sont les valeurs que vous prônez à travers vos projets communs ?
(Ben) Je crois que la musique est déjà porteuse de pleins de valeurs, sachant que la dance music vient déjà des communautés afro-américaines, jamaicaines ou anglaises, la musique est porteuse de beaucoup de sujets sociaux de l’époque. Les champs musicaux naissent souvent en parallèle avec ses mouvements socio-politiques. Nous, on veut prôner l’inclusivité, le partage, l’accessibilité et le respect.
(Phil) Je rejoins totalement Ben. J’ajouterais que ce qu’on cherche à prôner, c’est l’humain de manière générale. On a un magasin et on fait de la vente donc une activité commerciale, mais quand t’es dans la musique, tu fais pas ça pour faire du profit. C’est enrichissant humainement parlant plutôt ! Dans la société actuelle, les gens sont juste des numéros et on veut remettre au centre des discussions l’humanité et arrêter de parler d’argent et de profit.
(Ben) C’est ça. On met l’humain, les valeurs et la musique avant même la rentabilité financière, sinon on ferait un autre métier. Au Grand Hospice, c’est assez propice aux affiliations sociales et j’aime bien travailler avec des associations caritatives dans la mesure du possible.
(Phil) On essaie aussi de mettre en avant des petites initiatives et des petites entreprises à travers le shop, comme les petites bouteilles de parfums que l’on vend. On essaie de travailler qu’avec de petits partenaires locaux !
D’où vous vient cet engagement ?
(Ben) Pour les petits entrepreneurs, c’est vraiment difficile. On est dans une société ultra compétitive ou tu fais face à des gens qui ont plus de moyens et quand t’es tout seul c’est vraiment difficile, même si t’es ultra motivé. Nous on est partenaire avec la Zinne, c’est une monnaie locale résidente au Grand Hospice. Ça permet de faire de l’économie circulaire et de se soutenir entre petits entrepreneurs. Et pour ça, les occupations temporaires et tiers lieux comme le Grand Hospice facilitent ce système !
(Phil) C’est génial parce que le fait d’être ensemble géographiquement fait qu’il y a toujours un échange et une entraide. Le fait de ne pas faire les choses dans notre coin nous amène à avoir beaucoup plus de possibilités de développement d’activités. On promeut ce qui se voit pas !
(Ben) Exact. L’industrie musicale c’est un peu la métaphore de l’iceberg, la plupart des gens connaissent que ce qui dépasse et ce qui ont toute l’attention médiatique alors qu’en fait en dessous, t’as les 90 pourcents restants. C’est comme un monopole à franges. La plupart des gros tops ont été inventés dans des garages par des gens qui n’avaient pas d’argent et pas par les grosses industries. Les grosses industries récupèrent ce qui marche dans les quartiers défavorisés (comme le blues ou le jazz) pour en faire un truc commercial. Toute cette culture musicale naît dans le désespoir et au final elle se retrouve pompée par cette industrie qui souhaite faire du profit par tous les moyens. Nous, on défends ça !
Il doit s’en passer des choses au Grand Hospice, racontez-nous une anecdote.
(Phil) Ce qui m’a marqué, c’est quand Ben a été rassuré après le premier mois où on a bossé ensemble. C’était quand même une petite crainte d’accueillir quelqu’un dans son magasin et dans son petit projet mais quand j’ai vu à la fin du mois le sourire sur ses lèvres dû à notre collaboration, c’est quelque chose qui m’a marqué et rassuré également de mon côté !
(Ben) Le premier soir où t’avais fais un évènement et que j’étais pas là, je te l’avoue enfin je t’ai regardé sur ma caméra toutes les 2 minutes (rires) : “N’oublie pas d’éteindre les lumières et de fermer derrière toi” !
(Ben) De mon côté, les In-Store Session sont des events marquants parce que c’est dans ces moments-là qu’on retrouve le côté échange puisque c’est intimiste. J’ai aussi une anecdote avec un label avec qui je travaille, qui s’appelle Stadskanker. C’est un label punk qui a ramené 50 personnes dans le magasin. C’était rempli, les gens dansaient sur le canapé et j’étais tout seul… D’ailleurs je ne gérais plus rien (rires). Il y avait plus de monde que dans le bar. Du coup, ceux de Jardin sont venus voir ce qu’il se passait, ils étaient un peu jaloux !
Si vous êtes fans de musique underground et de vinyles, vous allez adorer leurs collections !
N’hésitez pas à visiter le shop, boire une bière de chez Gansbeek ou une limonade ou encore discuter avec de vrais passionnés !
Le shop est situé dans le Grand Hospice et est ouvert du mercredi au jeudi de 14h à 19h et du vendredi au samedi, de 15h à 20h.
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