Meet Our Residents : Bulle, la wasserette mobile
“Meet our Residents” est une série d’articles destinés à mettre en valeur les super projets des supers résidents de l’occupation temporaire du Grand Hospice. L’ensemble des projets y est réparti selon quatre thématiques : Développement durable, Communauté, Art & Culture, et Éducation & Santé.
Vous avez certainement déjà croisé, dans les rues de Bruxelles, cette drôle de camionnette blanche super-équipée. Dans son habitacle, deux machines à laver et deux séchoirs qu’elle ballade de la gare Centrale à la gare du Midi, en passant par la place Flagey, pour y rester le temps d’un après-midi, ou plus concrètement, le temps de 8 cycles complets de lavage. C’est la “camionnette wasserette mobile” de Bulle, une association dont la mission est de venir en aide aux personnes les plus vulnérables de notre société.
Un service concret pour pallier à une situation alarmante. Selon les dernières données de la Plateforme d’Aide aux Sans-Abri de Bruxelles (PASAB), pas moins de 5.000 personnes sont à la rue dans notre capitale. Sans accès à un service sanitaire de base ! Un chiffre percutant qui met en lumière toute l’utilité du service sanitaire et social de première ligne proposé par cette assoc’ : la simple possibilité de laver son linge.
On a rencontré Samuel Fuks, le Président engagé et dévoué de l’ASBL Bulle, dans le local qu’ils occupent au sein du Grand Hospice. Leur espace est encore presque vide, mais plus pour longtemps. En quelques réponses à nos questions, il nous raconte l’histoire de Bulle et leurs ambitions débordantes de bienveillance.
Concrètement, qu’est-ce que vous faites ?
Dans les faits, la wasserette mobile fait office de prétexte pour rencontrer et accompagner les gens qui en ont besoin. Un peu à l’image des laveries à l’ancienne où l’on se retrouvait pour papoter le temps de faire tourner les machines. L’idée est de rassembler, créer, inciter à la cohésion sociale, et surtout, de rendre visible ce qui est invisible.
Nous sommes souvent accompagnés d’autres services de maraude complémentaires au nôtre avec lesquels nous créons ce qu’on a appelé le “village solidaire” : des douches mobiles, une bibliothèque mobile, un coiffeur, etc. Le principe est de créer un lieu où ceux qui le souhaitent peuvent s’arrêter pour boire un café, discuter, ou encore jouer au foot. Dans leur quotidien hasardeux, nous essayons d’offrir un espace où notre public peut se détendre en toute sécurité.
Plus personnellement, qu’est-ce qui t’a amené à t’investir de cette mission ?
Après mes études, j’ai eu la chance de voyager un peu partout, et notamment au Cambodge où j’ai été confronté à un certain type de précarité. C’est là que j’ai réalisé que ceux qui ont le moins sont souvent ceux qui donnent le plus. À mon retour, avec des connaissances, amis d’amis d’amis et autres, on a eu envie d’éveiller les consciences et de faire en sorte que les gens se bougent. Le concept de wasserette mobile, venu tout droit d’Australie, nous a semblé être un bon moyen de montrer l’exemple. On a fait le tour des associations actives dans le secteur qui ont trouvé l’idée géniale. Alors, on s’est lancés !
Et vos fonds, d’où viennent-ils ?
C’est une campagne de crowdfunding qui nous a permis de lancer le projet. Mais aujourd’hui, Bulle fonctionne à hauteur de 80% grâce aux subsides. Quant au reste, il provient de donations privées. Un ratio qui évolue et qui tend à s’équilibrer.
Accéder aux subsides, ce n’est jamais facile ! Ça l’est encore moins avec un service comme le nôtre puisqu’on ne rentre dans aucune case prédéfinie. Comme nous n’avons pas droit à un subside récurrent, la survie de l’association est chaque année remise en jeu. On est alors obligés de toujours se réinventer et de faire les choses autrement. C’est stressant, mais c’est ce qu’on aime et… c’est aussi notre force !
Raconte-nous un moment marquant de ta carrière de bulliste.
Ce qui m’a vraiment frappé, c’est la crise Covid. Les deux mots d’ordre donnés à la société étaient “interdiction de stagner” et “rentrez chez vous”. Une situation complètement surréaliste ! On a dû tout stopper net et ça nous a fait beaucoup de mal ! Puisqu’on ne pouvait pas rester à ne rien faire, on a d’abord organisé un service de distribution alimentaire et après deux semaines d’arrêt, on a décidé de reprendre les tournées wasserette. Avec un protocole sanitaire, bien sûr !
Puis, comme je le dis souvent, Bulle fait le travail de l’État. On est clairement un service d’utilité publique. Comme à l’époque, seuls les services d’utilité publique pouvaient être ouverts, on a joué la-dessus. En tout cas, ce qui est sûr, c’est que cette crise nous a vraiment donné envie de nous dépasser.
Et le Grand Hospice dans tout ça, qu’est-ce que ça vous apporte ?
On prévoit de transformer notre espace en un vrai lieu de rencontre et de rassemblement. Une sorte de centre d’accueil de jour. Ici, on veut créer “l’expérience” et mettre en place des services dont peuvent bénéficier notre public cible. Par exemple, des cours de yoga auxquels pourraient participer gratuitement quelques-uns de nos bénéficiaires, ou encore, un repair café grâce auquel ils pourraient apprendre de nouvelles compétences. Nous travaillons également sur la mise en place de différents services : juridique, psychologique et de réinsertion socio-professionnel. Dans le couloir, vous pouvez également découvrir le premier volet de notre exposition de sensibilisation au sans-abrisme. On développe plein de trucs et on verra où tout cela va nous mener.
La camionnette wasserette mobile n’est finalement que la partie émergée des activités et services proposés par l’association. Cette bulle de bienveillance n’a pas fini de s’agrandir à coups d’idées créatives et de collaborations. Vous êtes curieux de découvrir d’autres projets porteurs de sens ? Venez nous rendre visite, les couloirs du Grand-Hospice en abondent !
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